2011-03-17

Mise à jour rapide.

Certains l’ont vu, mon père par exemple, mais j’ai fourni un petit texte à un site de yahoo. En vérité, au départ, je l’avais fait pour le blog et finalement comme on m’a demandé mes impressions,  je l’ai donné, c’était plus rapide.

Depuis quoi ?  Trop de chose, le tsunami, la centrale nucléaire. Je n’ai pas besoin de revenir dessus.

Au départ, je pensais que ça irait. J’étais à Tokyo et même là bas, c’était relativement tranquille malgré les magasins qui se vidaient déjà d’eau et de pain. Je regardais les news depuis ma chambre ou de la cuisine du troisième étage du kaikan et même pour moi, ça me paraissait bien loin toute cette misère.

Finalement, deux jours après le séisme, je suis allée voir Marine et Myriam et c’était sympa en vérité. Je me suis bien amusée, on a bien décompressé. Mais il a fallu qu’on aille sur internet, et qu’on se fasse assaillir par les gens qui paniquent et nous envoient des messages nuits et jours pour que tout retombe. Pourtant, sérieusement, même à ce moment là, j’avais l’impression que ça irait pour Tokyo et les gens en France paniquaient alors qu’ils étaient en retard sur les nouvelles, qu’ils ne savaient que ce que voulait leur montrer la télé Française. Ça ne veut pas spécialement dire que la télé Japonais était meilleure, bien au contraire, mais c’était fatiguant de voir les gens accourir en hurlant « OH MON DIEU, il y a eu une deuxième explosion ! On va tous mourir, rentre en FRAAAAANCE . » Franchement ça m’a soulé. Les gens ne comprennent pas que ça ne se fait pas comme ça de fuir le pays. C’est bien plus compliqué et j’ai envoyé beaucoup de gens boulé. Peut-être qu’il m’en veut mais j’avoue qu’à l’heure actuelle, j’en ai rien à foutre. 

Avec Myriam et Marine, on a décidé le lendemain après une énième crise des gens d’aller voir l’Ambassade sur place pour leur demander directement des informations et savoir ce qu’il fallait qu’on fasse. Déjà la grosse rigolade, personne ne peut entrer, les gars à l’accueil aussi rassurant que des portes de prisons ne sachant parler ni anglais, ni français, nous disent indifféremment d’appeler un numéro de téléphone…qui ne marche pas. On décide d’attendre devant que quelque chose se passe. On nous interview pour la radio sans qu’on s’en rende compte puis arrive un gendarme, qui enfin, seul personne capable de la journée nous dit qu’on sera reçu. Ce qui sera fait en vitesse dans une petite salle où on nous dit que tout va bien pour le moment à Tokyo mais que par mesure préventive parce qu’on ne sait pas ce qui pourrait se passer.

On décide donc de partir pour Osaka en bus de nuit. J’avais déjà pris des tickets pour plus tard mais il a fallu que j’annule et j’ai bien les morts vu que ça me fait pratiquement 7000 yens dans le cul. Enfin bon, on achète un ticket pour Osaka pour le lendemain vu qu’on n’a pas trouvé plus tôt. En attendant, je rentre à Kichijoji. Là, je fais des petites valises, je ne compte pas tout emmener vu que dans mon esprit, il est clair que je rentre à la maison à la fin de la semaine ou du moins après que tout se calme à Tokyo. 

Le lendemain, à cause des différentes coupures d’électricité, on me dit qu’il n’y aura plus de bus depuis Kichijoji pour Shinjuku à partir de 15 h (là, où je suis censée prendre mon train.) Je n’arrive pas à savoir si c’est vrai ou non et je pars donc vers 14 h 30 en toute vitesse, sans dire au revoir à personne. J’étais dégoutée.

J’arrive dans Shinjuku, quasiment personne…du moins pour Shinjuku. Je vais dans un karaoke et prend un « free time » pour rester jusqu’à 20 heures, heure du rendez vous avec les filles. J’ai chanté au karaoke, envoyé des mails à tout le monde, dormit aussi et angoissé par moment. Après avoir retrouvé les filles, on prend le bus après une longue attente et nous voilà partit.

On pensait que c’était bon mais arrivée à Yokohama, une secousse a lieu à Shizuoka, suffisamment forte pour bien la ressentir jusqu’ici. Là, le conducteur décide de rentrer à Tokyo et de ne pas aller à Osaka. On fait donc demi-tour sans trop comprendre et on arrive à la gare de Tokyo à une ou deux heures du matin. Donc évidemment, pas de bus. Marine part de son côté prendre un avion pour la Thaïlande avec des amis et je reste avec Myriam a attendre l’ouverture de la gare pour un prendre un billet de Shinkansen. Ce fut long, je ne dis pas. Il y avait une soixantaine de personne, pratiquement tous des étrangers qui attendaient devant. Finalement, on a pu avoir un ticket et tant mieux. Une fois dans le shinkansen, ça allait tellement mieux même si j’avais dépensé la moitié de l’argent qui me restait pour la fin du mois. Mais au point où j’en étais. Heureusement que Myriam était là.

On arrive à Osaka et là, ça fait du bien. On a squatté un mcdo près de Shinsaibashi, vu un ami à Myriam puis ensuite attendu Fiona.

Ensuite, je ne sais pas pourquoi mais j’ai craqué un gros coup. On n’arrêtait pas de m’envoyer des mails de panique en permanence et jusque là, je tenais bon, vous savez. J’étais tendue mais je n’avais pas si peur que cela. Peut-être d’être arrivé à Osaka, d’avoir la pression qui retombe m’a finalement montré comment j’étais tendue depuis le séisme, vendredi dernier. J’ai bien pleuré, comme un gros bébé. Mais ça n’était pas aidé par les mails de gens qui me disaient de rentrer encore et toujours. Et puis, j’en ai marre de la télé Française qui dit n’importe quoi, qui vend du sensationnel, et des gens là bas qui gobent tout. De la télé Japonaise qui semble ne pas en dire assez même si ça se comprendre, de l’Ambassade qui ferme, qui ne répond pas au téléphone et qui n’en dit que le minimum. Comment voulez vous qu’on sache ce qu’il faut faire ?

Mon père m’a envoyé un mail me demandant sans panique de rentrer à la maison quelque temps. Ma fac aussi m’a demandé de rentrer en France…Du coup, c’est ce que je vais faire. Je ne le fais pas avec plaisir et toutes les cinq minutes je me dis que finalement, je vais rester ici, que ça ira bien. Mais j’ai peut-être besoin de vacance en fait. Je ne mange quasi rien et je ne dors pas beaucoup. Simplement, je n’ai pas envie de rentrer aussi con que ça puisse sembler. J’ai presque envie de rester parce que je trouve ça lâche de quitter les japonais qui eux n’auront pas de rapatriement, qui devront rester et supporter tout ça alors que moi je profite de mon statut d’étrangère. Pas besoin de commentaire sur cette dernière phrase au passage, merci.

Je ne sais pas, je suis complètement paumée. J’aimerais juste avoir des informations claires, quitte à ce que ça explose pour de bon ou que finalement tout va bien pour de bon. Enfin cette situation d’être sur deux chaises et considérablement insupportable.

Je suis à Kyoto en ce moment, avec Yann et Yoshi et c’était cool de les voir tout deux. Ils auraient presque réussit à me faire rester à Kyoto. Yoshi semblait dire que je pouvais rester aussi longtemps que je le voulais et j’aimerais bien pouvoir visiter et faire du tourisme.

Mais je pense quand même rentrer même s'il faut encore que j'y arrive d'ici là. Ne serait-ce que pour rassurer tout le monde et même si ça me fait grave chier de tout laisser derrière. Je compte rentrer au Japon ensuite dans au moins une ou deux semaines, au plus vite mais bon, qui sait si ce sera possible

4 commentaires:

  1. j'espère que tout se passera bien pour toi, courage !

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  2. Ca ne va sûrement pas t'aider mais je t'envoie un énorme câlin ;;. Comme tu le dis, ça ne devait vraiment pas être facile de partir et d'après ce que j'ai lu, pas mal de français étaient dans une situation similaire à la tienne (et malheureusement, à la fois les personnes sur place et la familles au loin ont un avis justifié).

    Bon courage pour la suite ;;. J'espère que tu pourras retourner au Japon très vite!

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  3. Perso, je suis complètement de ton avis dans la mesure où j'aurais aussi tout fait pour rester. Vraiment... J'en ai pas mal parlé autour de moi, et les gens paniquaient trop trop trop à dire aux élèves en échange de rentrer... A ta place, j'aurais gardé mon sang froid bien moins longtemps et j'aurais vite envoyé chier le monde ~ Merde, on a pas tous les jours l'occas' d'être au Japon, et puis... Quand bien même, tu as des gens avec qui tu es là-bas, donc... Autant être à leurs côtés à eux aussi, dans la mesure où tu ne risques pas non plus ta vie inutilement (ce qui ne semblait pas être le cas) ... Comme je te l'ai dit sur Facebook, j'espère vraiment que tu vas vite repartir... Vraiment, je te veux plus en France moi, va-t-en ! èwé ...
    Bisous Danie <3

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